EN FRANCAIS


SCABREUSEMENT

Poussé osé poussé

Qui de qui

Quoi de quoi

Il semble qu’il ne soit pas donné de le savoir
 

Et lorsqu’il se tourne

en observant d’un oeil attentif et effondré

ce qu’il se trouve autour,

à l’ombre d’un parapluie parfois

sans aucun écran

sans aucun manteau;

et lorsqu’il se tourne

en observant du bord de l’horizon,

en observant d’un oeil attentif et effondré;

voilà il peut arriver qu’avec une petite poussée

facilement il puisse tomber

dans une éblouissante cromotopie sans barrière

dont les limites se confondent

en s’évanouissant et en se superposant sans orientations;

ni tarots ni boussoles,

parcours difficiles mais charmants
 

Des rencontres,

des figures mythiques, alors s’accumulent en désordre

comme un mélange chromatique des genres et des espèces:

animaux, humains et bêtes, et minéraux

qui se fondent dans un flux

de plus en plus rapidement osé

qui court en équilibre instable entre origine et destin

sans plus d’horizons
 

Mais en dépit de cela,

au-delà de la prévision la plus noire,

coule encore, poussée,

une énergie osée

dont l’insaisissable motricité

ne pourra peut-être jamais être éteinte
 

D’identifiable sujets ainsi se perdent;

et se retrouvent mythes suspendus pour l’éternité,

contournés par des pointes de flèches et de fleurs

… parfois par des étoiles

qui indiquent

        tout en cachant




 EN VOITURE AVEC L’AMI

Et l’ami passager en voiture,

en me fondant ici, par surprise quémandât :

« Mais toi, qui sembles absent, comment tu vas ? »

Moi ?! Entouré de métalliques murs

je m’aperçus, pendant qu’une melliflue boule,

semblable au savon, lentement dans la tête

se gonflait, la cerne s’approfondissait,

e je me métamorphosais  en une molle

cheminée : dernier échappement catarrheux

d’une mal rodée, que je conduisais, bagnole,

à la quelle était branchée et enlevée la prise électrique
 

Et ainsi, gargouillant comme en panique,

j’éclatai vacuement une sorte

d’envie imagée ; et après

un grumeau atomique céda assourdissant

en dépurant  le métal ; nette la machine démarra,

non plus marmottant, et ainsi

se manifesta, carburant, l’infiniment

humble, espace désolé du vocable brulé ‘Nous’, ainsi

dit (et) silencieux ; et le discours, en fin, déborda coulant




LE HUITIEME JOUR

je cours après les lièvres, parfois

avec lassitude ; parfois

franchement je me tourne et cours

dans le sens inverse,

et il semble que je m’éloigner

De qui ? De quoi ?

Mais est-ce réellement une

 fuite ? Est-ce moi qui

me cache derrière la lune ?

C’est ici que se cache la paressitude, ou

bien au contraire une saine réflexion,

même si dans une apparente paresse ?

Parfois une autre entité

J’incarne derrière la lune ne sachant pas

si je cache malice ou bonté

Et la première entité aussi,

que cachera-t-elle ?
 

Et c’est aujourd’hui  le point d’aporie

de la décision à prendre

souvent avec  hâte
 

Mais au fond, on le sait,

la décision aussi

se réduit, toute seule, à une

tranche du pain entier,

que finalement, au fond

on soigne avec soin

sans en découvrir ni le comble

ni le fond, dans le rêve

d’en être  une spore,

dans ce Pain énorme

 de la divine Nature
 

Et, mais, souvent,

sans jamais se sentir, au fond,

libre de parcourir la prairie

derrière toutes ces lièvres succulentes

miniaturisées qui tournent autour

- presque des vers nés de la moisissure –

on est souvent contraint de ne vivre

lâche et indécis

dans la nuit de la lune

que le huitième jour 




ESPRIT DIT VISE

Attente …

Attendre un moment

comme un évènement

même si c’est

un simple concours

académique, certainement
 

Attente …

Moi, je m’en imprègnes

Et tout est en simple

suspension, même l’émotion :

un seul  et unique photogramme illuminé

d’une pellicule en exécution

représentant un bateau au lancement

qui viendra bientôt béni

par la classique bouteille de champagne,

tout entouré

par de curieuses gens  de campagne
 

L’important

c’est que la lumière en transparence

ne brule pas la substance

de cette image vacillant

qui ainsi témoigne

d’une prédisposition olympique

au démarrage

même si reculant
 

La tension est à son comble,

l’équilibre précaire,

mais  l’impulsion

je ne veux pas la fournir,

il y a encore un tremblement nerveux

beau, envahissant : excellent

pour analyser et rêver

avec comme seule support un esprit divisé




“seulement”

Tout décomposer en atomes et miettes,

tout ressortir : chaque forme, couleur et odeur

Apercevoir la mosaïque qui absorbe et disperse la chaleur

comme une ville moderne brulée par le soleil
 

Entrelacement de points de vue et de valeurs :

regret ou bien soulagement

selon la berge

mouillée par le torrent de la pensée
 

Coïncidences ratées, ou bien

retrouvées , dans les méandres

des flux transparents du souvenir

dont l’eau caresse les pierres dures,

peut-être jamais autant polies et pures

à en résulter imperceptibles ;
 

comme s’il était normal

de ne jamais s’arrêter à y penser,

dans le soin du quotidien

- qui peut-être n’en est qu’un miroir -,

à cette majesté minérale,

qui mollement apparait évidente, et dure,

avec l’apparition d’un rayon éblouissant

de soleil, aux salutations d’un enterrement élégant

nullement formel ni substantiel
 

Peut-être est-ce celle-là – en fin –

la leçon qu’on en tirera ?:

Au fond, elle est  morte pour moi !

Elle l’a su, le sait ou le saura jamais

qu’elle est morte ?

Et qu’ elle est morte « seulement »

pour toi, pour moi, pour nous ?

Elle l’a su, le sait ou le saura jamais ?




LE BUCHER DES LETTRES

Le vent est presque constant

de par ces chambres

Manteau qui caresse comme

un linceul léger ce corps

diffusé dans le sommeil

cette constante somnolence

ce somnambulisme astant

grâce auquel on n’aperçoit

plus ni limite ni passage

Et le protège aussi
 

Et, durant, la vie

précipite avec rumeur

et on sait pas si elle requiert

de l’attention testimoniale ou

de la participation compétitive ou

les deux ensemble sans aucune compassion
 

Et maintenant toute la création hurle ;

à partir de ce pantalon de travail,

encadré par les fenêtres des chambres,

là-bas étendu à osciller involontaire

à la lumière de la lune pendu

jusqu’à mon cœur qui se plaint d’amour

Et toute cette création qui hurle

Indique un silence

mortifère et vivifiant
 

Attiré par ce divers,

je haïs la bruyante parole,

et aimai un silence,

maintenant je le sais, impossible
 

Et cette créature

qui (il y a un instant) était création

maintenant  est écriture aussi
 

De la poêle des paroles

je suis tombé dans la braise

de l’écriture, sans le remarquer

sans le savoir ; conséquence

importune : l’écriture

ne sert qu’à réchauffer les paroles !
 

Maintenant je le sais : est-elle un silence,

qui vient du bruit, non pas

pour l’annuler, mais pour l’alimenter ;

ou, peut-être, est-elle un faux silence :

simple ustensile acte à participer

au concours pour qui témoigne

de l’attention la meilleure et de la meilleure mémoire,

du meilleur silence, ou, mieux, du secret le plus profond
 

Enfin, je me suis perdu et trahi,

et par ces lois chaudes suis resté cuit

                                            comme un fidèle brulé
 

Désormais elle s’est rendue infigurable,

la trace d’amour : réa

Mais peut-être que quelque chose j’ai appris :

Amours, et non pas amour ;

Peut-être désormais : humeurs
 

Et peut-être que pour des amours humorales

je devrais laisser tomber

ces écritures dialectiques

exécrables et ou protectives,

vénérables et ou vulnérables
 

Je voudrais avoir une plaie

pour ce que je viens de cuisiner :

et en revanche est alimenté et assimilé
 

Ce qui ne semble absolument pas créé,

que je ne sois pas là ou que j’écrive,

semble absolument le silence béat
 

Et donc,

désormais,

dans le silencieux,

il ne reste qu’à écouter

le manteau de l’écriture

envelopper la création




BRISE BLEUE

Une légère brise bleue respirait autour

de nous alors que nous nous

promenions sur le sable mouillé

entre terre, ciel et mer
 

L’horizon ne s’ arrêtait

ni nulle part ne se fermait

et le regard le balayait

sans nécessité d’imaginer

car tout était clair et limpide
 

Près des palmiers

les coquillages sous nos

plantes de pieds criquetaient

et sans surprise aucune

tu m’indiquas que les tesselles

de cette mosaïque naturelle

représentaient  exactement

la mosaïque divine indescriptible

mais singulièrement perceptible

lorsque le rythme du souffle

s’accorde à celui de l’esprit

qui s’harmonise avec celui

du vent doux
 

La légère brise bleue

commença alors à caresser

ma peau et mes cheveux




ENTRE NOUS

Alors  que l’on discutait de ces arguments

les derniers nuages

bien délinéés par la parfaite lumière

du profil du soir

s’éloignaient :

des masses plombées dans l’indague du ciel

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